« Y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis »… décidément, ce vieil adage n’en finit de tourner dans ma tête !... imbécile ou pas, il y a des cas ou l’on n’a pas vraiment le choix !
A l'âge où l’on épluche la liste des loisirs d’un hypothétique conjoint comme un CV, j’avais lancé un véto absolu sur les Fans de foot, pratiquants ou pas. Je refusais d’avance l’idée d’avoir à passer mes dimanches après midi à me geler le fessier sur les tribunes en béton ou d’avoir à distribuer des hot dogs sous une guitoune humide. Inimaginable également, les anniversaires seule avec les enfants chez belle-maman, le samedi télé et les soirées d’entrainement à attendre le retour de papa…
Non, non, non !!Je veux rester maitre de mes weeks end jusqu'à la fin de mes jours !
Pendant 12 ans, tout se passait comme je l’avais calculé….juste un peu de rugby à la télé mais rien de méchant.
Jusqu’au jour ou mon fil à linge fut recouvert de 9 maillots de Football jaune et noirs, taille XS !...
Comment une chose pareille a-t-elle pu arriver ? Comment avais je pu cautionner cela, et même pire : avoir été l’auteur de cet acte, et avec, il faut l’admettre, une immense fierté en plus… ?
Quand j’ai élaboré mon plan « anti footbaleux » à l’époque, je n’avais pas songé qu’un jour, chanceuse d'avoir échappée au mari fouteux… peut être… mon fils serait lui-même un mordu du ballon rond !...
En bonne mère participative et aimante, j’avais déjà adhérée à des activités masculines franchement éloignées de mes aspirations, du genre : moto cross, rallye, montage de robots, bagarre sur le lit ou même visionnage en boucle des épisodes 1, 2, 3, 4 et 5 de Rocky avec Sylvester Stallone !!
J’ai commencé par acheter l’équipement complet du jeune footballeur-amateur- professionnel (pour mon fils : y’en faut pas moins !).J’ai fais la connaissance avec les protèges tibias et leur ajustage laborieux ; également celle des chaussures à crampon pour lesquelles on a du se procurer un chausse pied (supportable si les souliers sont à l’endroit) ; et la tenue short-tee short coordonnée qu’il ne faut surtout pas couvrir d’un sweat ou d’un caleçon sinon ça craint devant les copains…
Et là, Mesdames, je peux vous dire que le mardi soir : je bouillonne….
Non seulement il faut les emmener a l’entrainement, mais en plus, il faut aider le petit monsieur à mettre tout ça. C’est encore plus cérémonieux que la combi en hiver ! Et puis surtout, il faut arriver à convaincre notre Zinedine en Herbe qu’un petit sous-pull : ça ne se verra pas, et que ce serait plus prudent par 5° sous la pluie…
Je vous rassure : c’est pire les jours de match !
La préparation psychologique commence déjà le vendredi après midi. Autant vous dire que la concentration à l’école : on oublie !
Le sujet est omniprésent dans les actes, dans les paroles et dans les pensées : « il y aura quelles équipes au match ? Et ils seront en quel couleur ? Et c’est où le match ? Je peux jouer au foot dans la maison ?je peux jouer au foot à la wii ? Maman : entre Marseille et Sochaux, t’es pour qui ? Et entre les Vertlandais et les Croixlandais (Irlande et Finlande), tu préfères qui? » etc, etc…
Si je dois entendre ça encore 10 ans : qu’on m’achève tout de suite !...Préparez la nécrologie !
Bref, en dépit de toute mon exaspération, il y a toujours une petit voix qui me convertie en mère attendrie pour bondir dans la voiture, munie de pompons de pom pom gilrs, prête à soutenir son équipe à corps et à cris.
On commence par l’habillage : j’adore ! 9 petits poussins aux jambes aussi épaisses que des « sandwichs SNCF », comme dirait Renaud, enfilent shorts et maillots à l’envers, morve au nez en suspention, laissant trainer leurs manches trop longues, tout en chantant des chansons de vestiaire comme le ferait leur papa !
Une fois sur le terrain : pendant les consignes du coach et de l’entraineur physique, ça chahute un peu, on menace du regard les adversaires, puis on embrasse le goal sur le front, il parait que ça porte chance (pas sur le crane parce que le nôtre : il a des cheveux !). On attend le coup de sifflet.
Coté coulisses : les mamans sont hystériques : « vas y mon doudou, mon titi, mon cucul…attention de ne pas te faire mal !...est ce que tu n’as pas trop froid ?met ton bonnet comme il faut …tu n’as pas soif ?...oh le méchant : il t’a fait un croche pied …!!! »
Bon, ok : ça s’est surtout moi !
Un ancien entraineur m’avait dit un jour qu’il n’y avait rien de pire que les mamans au bord du terrain. Je n’avais pas compris à ce moment là, mais avec le recul…
Pendant les matchs, c’est comme à la télé...mais en junior : on met le tee shirt sur la tête et on fait des pirouettes quand il y a but, on se mouche comme dans les westerns en se grattant les parties et parfois, aussi : on va faire pipi en plein match sur la murette, le doigt fourré dans les narines.
En résumé, je n’ai toujours rien calculé à ce sport. J’ai encore bien du mal à ne pas confondre les buts avec ceux des adversaires. Tout à fait impardonnable: mon fils est le gardien du club!...
Mais que voulez vous ?, Je ne peux qu’être distraite car mes yeux sont toujours ailleurs : à chaque fois, je remplie ma boite à souvenirs de tout un tas de petits détails croustillants et de merveilleux éclats de rires.
Oublions la nécrologie et vivement samedi prochain…