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2017-07-28T11:36:43+02:00

Mais où est donc passée Charlie ?

Publié par mamanmouth

Fin du mois d’aout, encore quelques kilomètres nous séparent de notre « home sweet home ». Tout en grattant les derniers boutons de moustiques qui nous démangent et en frottant nos chevilles surdimensionnées  après  une vingtaine d’heures d’avion, on fait un replay rapide de ces incroyables vacances à l’autre bout du monde en soupirant de plaisir.

Puis, en arrivant devant la maison, avant même de se demander si la maison a pu être inondée par un dégât des eaux , si des visiteurs inopportuns ont vandalisés notre intérieur, ou même pire : si  des kidnappeurs ont séquestré ma belle-mère pour la ramener ensuite, une peur bien pire encore, m’envahie et un véritable frisson s’empare de moi. 

Sujet des plus anxiogènes s’il en est,  quand on est parent et que l’on part en vacances, quel angoisse dépasse incontestablement toutes les autres, selon vous ?

Que le chat ne soit pas là au retour….

Cassage d’ambiance instantané : vous arrivez devant la porte du garage, alors que les enfants vous ont soulés tout le retour « qu’ils étaient trop content de retrouver leur chat » après un mois de vacances de rêves, même si cette idée nous a mis profondément en rogne, sans nous indigner et en respectant l’ordre de leurs priorités (ne dites rien, les vôtres sont pareil !), on a réussi à tirer à pile ou face, 5 minutes avant, pour savoir lequel des deux gosses aurait droit le premier de caresser le chat. Et là, le drame: pas de Chat ! 

Les premières heures, ça va : on explique aux enfants que  «  Charlie Popette » est fâchée par notre absence et qu’elle fait la boude dans un coin. Ça laisse un tout petit peu de temps pour savourer le bénéfice de ce merveilleux mois de vacances que nous projetions quand même depuis des années .

Comme on est un tout petit peu perturbé avec le décalage horaire, on se lève à trois heures du matin pour cuisiner une pizza 4 fromages et donner un bain à la petite avec tous ses jouets préférés. Pendant ce temps, les garçons partent au milieu de la nuit faire un tour du village  (normal !), tout en regardant à droite et à gauche pour éventuellement retrouver notre fugueuse à la pilosité disproportionnée. On soupçonne même que son poil surabondant envahissait également sa boite crânienne ce qui expliquerait son déficit intellectuel…attribut congénital sans doute ! Cette andouille de minouche aussi cruche soit-elle, pouvait à tout moment se mettre à réfléchir, ce qui laissait tout de même  un espoir de la voir agir un jour comme un  chat ordinaire.

Mais où est passé notre « chat bête », notre « chat qu’à main », notre «  truc à poils » ? Elle manquait  déjà cruellement à notre décor. Comment imaginer qu’un animal  dépourvue d’humeurs, qui faisait du compost dans les fleurs du Voisin, qui piquait la bouffe des autres chats sans états d’âmes, qui pissait parfois derrière le congel, qui n’avait qu’une hygiène anale pondérée, qui miaulait comme un hamster, qui déglinguait le mur en toile de skaï à coups de griffes, ou qui pouvait partir dans une direction et aussitôt en  oublier l’objectif,  puisse passer avant toute autre préoccupation  plus légitime ? …

Les jours passent et l’inquiétude s’amorce peu à peu. Au départ, je croyais lancer des recherches uniquement pour soulager les craintes de mes enfants, mais vu les proportions que mes investigations ont prises, on peut de se demander si finalement, j’étais devenue complétement folle ou si ce n’est pas à moi qu’elle manquait le plus…

D’abord, parcours classique : affichages dans le village, annonce chez le véto, petits tours du quartier en voiture (pas à pieds, bien sûr !), investigations dans le village, puis peu à peu, la glissade vers les grandes initiatives : annonce dans la presse, recherche sur le net (très étoffée), écumage téléphonique des SPA du coin , pour finalement appeler pas moins de 3 grands voyants et magnétiseurs locaux. Selon eux, elle n’était pas loin et allait très bien, son retour était à prévoir très prochainement.

la princesse aux petits pois

Plein de confiance  tout à fait objective dans la méthode scientifique du pendule, nous nous sommes lancés à « 500 mètres à l’Ouest », comme indiqué, chevauchant nos vélos ( !!?), en criant à tue-tête dans les champs , persuadés qu’elle ne pouvait être que là…

Une semaine après, le pendule indiquait « 200 mètres à l’Est », elle avait vraisemblablement changé de coin. Nous voilà reparti sous la pluie à l’appeler tous les soirs et matins, escaladant les barbelés (déjà bien assez aventuresque pour moi), courant devant les génisses, évitant les bouses, mobilisant tous les gens de passage, parcourant les champs à  4 dans  la voiture 2 places tout-terrain pourrie d'un paysan, poursuivant  un autre chat  dans les buissons derrière le lottissement… bref , du grand n’importe quoi !

Mais quand même, dans notre détresse, nous remercions toutes les bonnes âmes qui sont restées sur le qui-vive pour nous venir en aide : ceux qui nous appelaient à la moindre rencontre de chat égaré (selfies à l’appui !), ceux qui nous ont même amené un chat mort pour vérifier s’il ne s’agissait pas du nôtre,  ceux qui faisaient les vigiles dans le village, les promeneurs, les paysans, la factrice, la boulangère, ceux aussi qui voulaient nous refiler le leur. Au final, beaucoup de bienveillance et de solidarité.

C’est quand même surprenant ce que ça peut révéler la recherche d’un chat perdu : sur celui qui cherche et sur les gens que l’on rencontre alors. J’ai jamais croisé autant de promeneurs à qui je n’avais jamais adressé la parole, j’ai fait la connaissance de certains proches voisins que je n’avais jamais croisés, j’ai contacté des bénévoles adorables dans les refuges avec une compassion incroyable…

Cela me rappelle ce film « chacun cherche son chat »…mais que cherche-t-on vraiment ? Effectivement, avec le manque certain d’un animal qui tient compagnie, derrière cette poursuite, quels rencontres peuvent se cacher ? Quelles détresses aussi ?...

La plus surprenante fut celle de cette dame qui m’appelle pour aller voir le soir même, si le chat qu’elle nourrit tous les soirs à 23h30 depuis quelques temps n’est pas le mien. Elle avait noté la date de son arrivée sur le calendrier… elle m’a fait part toute émue de sa propre recherche : un chat errant à trois pattes qu’elle n’avait pas vu depuis plusieurs mois.

J’ai même pas eu envie de rire … trop de solitude chez certains…

Les semaines passent, on commence à se faire une raison, à imaginer un scénario, une histoire pour consoler les enfants… et se raisonner soi-même, décidément cette affaire a pris des proportions surréalistes, pourquoi s’est-on laissé emporter ainsi ?!!

Plus tard, on profite d’une sortie en famille pour faire le grand conseil de famille : est-ce qu’on remplace Charlie Popette ? Le deuil  est en route, c’est la boule au ventre que les enfants acquissent. Par quoi on remplace ? Les idées fusent, ça reste positif et bon enfant, comme pour toutes les épreuves pour lesquelles on leur apprend à faire face (oui, des fois, y’a du sérieux dans ce qu’on fait !). On prend un autre chat ?

un chien ? non, faut le sortir et il va finir d’arracher le skaï de Papa !

Un hamster ? Le dernier a fini écrasé sous mon pied, c’est pas une bonne idée !

 Une poule ? C’est pas cool pour la caresser dans le canapé devant Kho lanta !

Un cochon ? dans le lit du grand ? faudra faire quelques sacrifices question hygiène !

 Une chèvre ? Elle va labourer  le massif  de fleurs du voisin pour de bon !

« Une blatte alors ?! »…Papaaaa ! , ne dit pas n’importe quoiiii !!! ça fait pas caca dans la caisse une blatte, d’abord !

Bon ,c’est pas gagné !

Et on l’appelle comment ? Alors d’habitude, je suis très inspirée question surnom ,mais là, je laisse faire les autres : « chifoumi », « pile-poil » ou « Zouzou » (idée de ma fille mais le grand lève les yeux au ciel, attention à la consigne : pas de nom nul !)

Voilà, un épisode de vie, une fresque familiale comme tout le monde en connaît. Un évènement de la vie courante qui vous ébranle et révèle toutes vos fragilités, un évènement commun qui fait l’apprentissage de la vie à vos enfants et découvrir que chacun n’est que de passage ici…On passe notre temps à relativiser les grands deuils de la vie, à faire face à la violence de l’actualité et on s’effondre pour la disparition d’un chat ! On est parfois si fort devant l’épreuve et parfois si fragile pour de moindre cause… ça se saurait si l’on pouvait être constant et pondéré.

On a donc raisonnablement commencé notre deuil. Si toutefois vous rencontrez un chat correspondant à la description très avantageuse que je viens de vous faire, n’hésitez pas à nous la ramener, nous vous en débarrasserons très rapidement, et en plus, nous vous en serons reconnaissant.

 

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