Promets- moi mon ange de rester la même,
Au moins dans mes souvenirs.
Tu t’approches avec élan,
Ta bouche en cœur bien callée entre deux joues en guimauves
Viens s’écraser sur mes lèvres.
Tu embaumes un parfum espiègle et sucré,
Enduite jusqu’aux cheveux
Du biscuit au chocolat que tu viens d’engloutir.
Tu caresses ma joue avec paresse,
Sous mon regard qui te supplie de continuer
Encore…
Promets- moi mon ange de sentir pareil,
Au moins dans mes souvenirs.
Deux petits champignons
Font office de couettes.
Plantés de parts et d’autres, juste derrière tes oreilles.
Ils sont aussi bons à voir qu’à manger,
C’est d’ailleurs la gourmandise secrète de ton frère.
J’ai essayé pour voir…
Et en fourrant mon nez au cœur de l’un d’eux,
Le malheureux en est tombé raide dingue.
Un étrange contraste de chatouilles et d’enchantement,
Un peu à la façon des bonbons acides,
Ou d’une tarte à la groseille trop amère :
Délicieusement piquants et fatalement ensorcelants.
Promets-moi mon ange de rester moelleuse,
Encrée dans mes souvenirs.
Soudain, dans ma tête, une pluie de toi :
Tes petits pieds mouillés sur le carrelage,
Laissent de minuscules empreintes éphémères ;
Et tes phrases intraduisibles
Bourrés de consonnes, lancées comme des couteaux,
Traversent la pièce en fuyant ;
Puis ton rire, la tête basculée en arrière,
Laisse entrevoir de minuscules dents remarquablement blanches ;
Et cet irrésistible regard en biais,
Que tu n’as pris à personne,
Annonçant une timidité déjà feinte.
Promets-moi, mon ange, si tu me comprends,
De toujours animer ces souvenirs.
J’hésite à passer ma main sur tes reins nus,
Comme si ce geste m’était défendu.
Dérangée par les idées qu’il aurait pu amener à d’autres,
Je pose mes doigts sur tes hanches,
Et je te regarde innocemment,
Avec ce regard comblé et exalté que seules
Les mères peuvent avoir.
Triste ambiguïté qui se veut castratrice.
Bon sang, mon ange,
Promet- moi bien plus tard, de ne pas oublier
De réveiller mes souvenirs.
Quand ma mémoire sera en bout de RAM,
Quand mes mains seront ridées comme une coquille de noix,
Quand mes sens seront trop vieux pour reconsidérer la vie,
Peut-être, ta volonté n’y pourra déjà plus rien,
Mais promets- moi quand même, mon ange,
Que je ne partirai pas, sans emporter avec moi
Ces « petits riens du tout »
De toi…